Si on réunissait toute l’humanité au Grand-Duché de Luxembourg ?

Je me pose parfois des questions étranges lorsque je laisse mon esprit vagabonder dans les transports en commun. Comme dans le métro de Londres, la veille du week-end pascal, il y a quelques mois, entre la gare de Pancras et l’arrêt à Earls court. Nous étions serrés comme des sardines dans le « tube » qui porte admirablement son nom. Je me suis demandé combien d’êtres humains pouvaient tenir debout sur une surface d’un mètre carré.  Trois, quatre, voire cinq, en perdant toute sphère intime.  Sur 1 km², on pourrait  donc placer 3 millions d’individus s’ils étaient trois par mètre carré, la quantité, disons, la plus confortable.

Pour contenir les 7,53  milliards d’hommes et de femmes que comporte et supporte la terre aujourd’hui, une superficie de 2510 km² suffirait donc s’ils se tenaient debout côte à côte. Soit à peu près la surface du Grand-Duché du Luxembourg…

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Je me sentais à l’étroit dans le métro de Londres…

Et si on donnait un peu plus d’air à chacun des habitants de la terre, disons une personne par mètre carré, la population mondiale tiendrait dans 7530 km², soit à peu près la moitié de la Wallonie. Dingue, non ? Certes on se marcherait sur les pieds, mais cela permettrait au reste de la planète de respirer, non ?

Ok, vous avez raison, l’air du métro londonien ne me réussit pas trop…

Comme un prince sur l’eau à bord du Costa Diadema

Bien que je sois journaliste régional, il m’arrive de temps en temps d’effectuer des voyages de presse en pays étranger. Les périples sont le plus souvent de nature touristique (à l’invitation d’un tour opérateur, par exemple) ou humanitaire (pour accompagner une association de chez nous qui développe un projet humanitaire en Afrique, par exemple). On tire au sort le nom des journalistes qui ont posé leur candidature pour tel  ou tel voyage de presse. En septembre, j’ai eu la chance d’être choisi pour monter à bord du Costa Diadema, le dernier né de la flotte Costa qui fait naviguer des bateaux de croisière dans le monde entier. Ce n’est pas le genre de vacances que j’aurais choisi spontanément, mais j’ai changé d’avis après avoir tenté l’expérience. Je vous livre le texte que j’ai écrit pour le groupe Sudpresse dans l’édition du samedi 14 novembre. Un regret: je n’ai pu ni interviewer les membres d’équipage, ni parcourir les coulisses du navire, pour une question de sécurité depuis le naufrage du Costa Concordia. Ce sont des impressions exclusivement personnelles. J’ai eu la chance de naviguer avec trois confrères sympathiques, deux francophones et un néerlandophone, et une accompagnatrice dynamique. Un peu de rêve et d’évasion ne peut pas faire du tort après les tragédies parisiennes du vendredi 13.

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J’irai revoir ma Normandie en… motorhome

La Normandie en motor-home pendant les vacances pascales. C’est l’expérience à laquelle je me suis prêté pendant quatre jours en famille. Une première, plutôt positive. C’est une autre manière de voyager. On ne roule pas en motor-home, on musarde. C’est une façon très relax d’envisager les vacances, dès les premiers tours de roue. Mon article est paru dans les éditions du groupe Sudpresse   le samedi 14 septembre. C’était dans le cadre du salon du véhicule de loisirs qui se déroule du 12 au 20 octobre sur le plateau du Heysel à Bruxelles.

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Voir Florence et puis mourir…

Je venais de célébrer mes 20 ans. Et c’était mes premières vacances en solitaire. Sans parents, sans amis. Ni scout, ni patro. J’avais pour seule compagnie un sac à dos à armature métallique qui me donnait l’air d’un aventurier américain ou scandinave. Destination: Florence.

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La rentrée, quoi

C’était aussi jour de rentrée pour moi  après deux semaines de vacances en Vendée. La rentrée scolaire: un marronnier comme on dit dans le jargon journalistique. Il faut chaque année faire preuve d’imagination pour la traiter de manière originale. Un premier devoir de rentrée en quelque sorte. Mais j’y ai échappé puisque je me suis occupé de la mise en page du journal aujourd’hui.

L’actualité n’a pas pris de vacances en août avec la mort de Guy Spitaels qui m’avait intellectuellement impressionné lorsque j’ai eu l’occasion de l’interroger lors de la publication d’un de ses livres. Le décès aussi de Michel Daerden qui, lui, m’avait plutôt bibitivement surpris lors d’une rentrée parlementaire à la Région wallonne il y a quelques années. Un même parti, mais deux hommes totalement différents. Il y a aussi la libération conditionnelle de Michèle Martin, un sujet délicat sur lequel j’ai du mal à me prononcer. Je me dis qu’elle aurait dû accomplir l’entièreté de sa peine et, dans le même temps, je me dis qu’elle est peut-être – j’écris bien peut-être – sincère dans le désir de se repentir. Autant je comprends le désarroi des parents des victimes, autant je condamne les manifestations violentes autour du couvent de Malonne où l’ex-femme de Marc Dutroux s’est réfugiée. Autant j’avais été émotionnellement submergé par la première marche blanche organisée par les parents en 1996 et à laquelle j’avais participé en tant que citoyen, autant je me suis toujours méfié des comités blancs qui sont nés par la suite et dont beaucoup, mais pas tous, je le précise bien, avaient des relents poujadistes. Un sujet délicat, écris-je.

Enfin, chaque année, à mon retour de vacances, j’ai droit à ma petite querelle linguistique dès que je branche une radio belge à l’approche de la frontière. Cette fois, c’était le débat autour du gordel, la « promenade » cycliste dans la périphérie de Bruxelles. Un retour à la réalité après deux semaines de vacances à l’étranger. Pas la dure réalité, mais la réalité dans ce qu’elle a parfois de plus absurde. La rentrée en Belgique, quoi.

Bonheur et tragédie à la grecque

Deux sentiments m’habitent au terme de mon voyage de presse en Grèce, plus précisément à Volos, la cité des Argonautes, et à Alonnisos qui est une des îles les plus importantes et les plus sauvages des Sporades au sein de la mer Egèe. Tout d’abord, le pays est toujours aussi magnifique. J’avais visité les Cyclades et le Péloponnèse il y a 25 ans avec une bande d’amis. Et j’ai retrouvé la même lumière, même si des épisodes de pluie ont obscurci le ciel au cours de notre séjour de trois jours et demi. Mais dès que les nuages se retirent, le bleu du ciel se dispute à celui de la mer dans d’innombrables reflets. C’est un spectacle dont on ne se lasse jamais. grèce,crise,tourismeLe parc marin d’Alonnisos est le plus grand d’Europe avec en vedette ses phoques moines, mais ce sont trois dauphins que nous avons croisés au large des îles à bord d’un bateau à faire rêver. J’étais excité comme un jeune enfant comme les trois autres journalistes qui m’accompagnaient d’ailleurs. Certes les maisons des Sporades ne sont pas aussi typiques que celles de Cyclades, à la blancheur immaculée et au bleu étincelant, mais elles sont entourées de davantage de végétation. Une touche de vert qui s’harmonise parfaitement avec le bleu et le blanc.

Deuxième sentiment: la crise bien sûr. Même si vous ne leur en parlez pas spontanément, les Grecs finissent toujours par l’évoquer, surtout au bout de quelques verres de tsipouro, leur excellent apéritif local qui est assez proche de l’ouzo traditionnel. Ils ne perdent jamais leur sourire lorsqu’ils s’épanchent, mais on sent que la crise a touché leur âme. Un mot qu’il ne connaissait pas il y a encore deux ans est apparu dans le vocabulaire grec: le mot « dépression ». Il n’y a jamais eu autant de suicides, une phènomène jusqu’alors relativement rare, nous a assuré notre accompagnatrice, Alessandra. La crise n’a pas des conséquences que sur le portefeuille. Ainsi Dimitri, employé à l’office du tourisme de Volos, nous a confié avoir renoncé à un deuxième enfant parce que les allocations familiales ont été réduites à portion congrue et que son salaire a été raboté de 20%. La soeur d’Alessandra, active dans les assurances, a, elle, vu ses rémunérations réduites carrément de moitié. Les enfants, même adultes, retournent vivre auprès de leurs parents. Une commerçante d’Alonnisos, Melpomène,a décidé d’envoyer promener sa banque en ne lui remboursant plus l’emprunt de 500 euros mensuel qu’elle avait contracté pour sa boutique. « Mon portefeuille est vide », nous a-t-elle dit. « Et l’Etat, ce n’est plus que taxes, taxes et taxes ». Le maire d’Alonissos a une vision très réaliste de la crise. « C’est de la faute de l’Etat et des Grecs eux-mêmes », estime-t-il. L’Etat, parce qu’il n’a pas imposé de contrôles à ses concitoyens. Et les Grecs eux-mêmes, parce qu’ils ont profité du système en achetant, par familles entières, les voix des élus contre avantages et privilèges. Le maire a quand même lancé entre deux tsipouros : « la crise est une opportunité ». Une opportunité pour « enfin » changer les mauvaises habitudes, mais le chemin est encore long.

grèce,crise,tourismeIl est en tout cas impensable que l’Europe laisse tomber les Grecs, berceau de nos démocraties, et les fasse sortir de la zone Euro. « Ce serait une catastrophe », pense le maire. En tant que citoyen, on peut les aider en s’y rendant tout simplement en vacances. Les Grecs restent extrêmement chaleureux, même avec les Allemands. « Nous n’en voulons pas au peuple allemand, mais à Angela Merkel », nous a dit, dans un sourire, Dimitri. Les Grecs ont aujourd’hui besoin de touristes comme de pain.

Mon reportage (1) n’est pas prévu pour les pages politiques ou internationales, mais pour la rubrique « vacances » et/ou « évasion ». Mais je me rends compte qu’inviter les lecteurs à se rendre en Grèce, même pour un bref séjour, est sans doute une des plus belles façons d’aider ce formidable peuple chargé d’histoire.

 

Tout petit en Zambie

afrique,journalisme,presseJournaliste régional, il m’arrive quand même de partir de temps en temps à l’étranger pour un voyage de presse. Ce sera le cas, dès ce samedi, au départ de l’aéroport de Charleroi pour un séjour de trois jours en Grèce, à Volos plus exactement un port situé au nord-est d’Athènes. L’objet du reportage n’est pas la crise grecque, même si je ne manquerai pas de l’évoquer, mais la découverte d’une zone touristique pas encore très connue :l’île d’Alonissos. En cette période délicate, les Grecs ont besoin de touristes comme de pain.

J’ai eu la chance de faire quelques voyages intéressants : la Corse, la Tunisie, l’Angleterre, la Hongrie et surtout la Zambie pour les destinations les plus lointaines. C’est soit à but touristique, pour la rubrique « évasion » ou « vacances », comme c’est le cas cette fois en Grèce; la rédaction opère alors une tournante entre les journalistes. Soit pour accompagner un groupe régional, une personnalité locale qui part se distinguer à l’étranger, comme ce fut le cas avec le Ballet du Hainaut (Tournai) en Hongrie ou encore avec la Tournaisienne Mélanie Cohl lors du concours Eurovision de la chanson à Birmingham.

Mon plus beau voyage, ce fut la Zambie, où j’avais accompagné une délégation de jeunes Européens qui avaient gagné un concours international organisé par le Commissaire européen au développement de l’époque, Louis Michel. Parmi les lauréates : une jeune artiste mouscronnoise qui s’était distinguée en dessinant une affiche qui symbolisait les relations de coopération entre l’Europe et l’Afrique. J’ai eu le privilège de pouvoir assister au voyage d’une semaine en Zambie qui était en fait la récompense de tous ces jeunes artistes. Il y avait deux aspects : le premier, plus social, avec la découverte de tout ce que l’Europe mettait en place pour aider cette zone du sud de l’Afrique : aide aux femmes battues, un fléau là-bas, assistance aux jeunes orphelins de parents morts du Sida, un autre fléau, soutien au programme d’éducation, un espoir, etc. Le second était plus touristique avec la découverte des chutes Victoria, vertigineuses, et une croisière sur le fleuve zambèze, inoubliable. La première partie était pour moi la plus impressionnante, même si selon les confrères qui m’accompagnaient, plus habitués à l’Afrique que moi, la Zambie est encore relativement épargnée par la pauvreté.

Le plus beau voyage, mais aussi le plus gros malaise de ma carrière de journaliste. Mes confrères de la presse télévisuelle avaient besoin d’images. Ils avaient demandé au chauffeur du bus qui nous guidait à travers les rues de la capitale Lusaka de nous emmener sur un marché. Je n’oublierai jamais notre arrivée dans un endroit boueux, sombre, où un Européen ne ferait pas ses besoins. Mais là, les gens y vendaient quelques légumes, des vélos d’un autre âge, des vêtements et des étoffes. En nous voyant débarquer du bus, caméras à l’épaule et appareils photos en bandoulière, ces personnes ont compris qu’on était là pour saisir la misère comme on le fait en visitant un zoo. Il faut dire que mes confrères de la presse télé, à l’exception notable de No Télé, également du voyage, n’étaient pas d’une très grande délicatesse. Je n’oublierai jamais les regards noirs de désapprobation, les doigts vengeurs des femmes et les yeux tristes des enfants. J’ai préféré remonter dans le bus, et me faire tout petit, tout petit, tout petit. Je me suis jamais senti aussi petit, petit, petit…