L’herbe est plus verte qu’autrefois…

Je me suis rendu mercredi matin à la conférence de presse qui présente le salon professionnel de l’autonomie fourragère prévu le 17 septembre prochain à Thieulain (Leuze-en-Hainaut). Cela m’intéressait à double titre : tout d’abord je suis sensible à la cause environnementale et ensuite je suis petit-fils d’agriculteur du côté de ma maman.  L’objectif du salon est de réapprendre aux professionnels de l’agriculture à ré-apprivoiser ou plus exactement à valoriser l’herbe pour les rendre plus autonomes dans le nourrissage de leurs animaux. Car, mais oui, les vaches sont des ruminants qui mangent de l’herbe! On l’avait presque oublié depuis qu’on les nourrit essentiellement au soja, un produit certes agricole mais qui vient le plus souvent de pays lointains comme le Brésil devenu écologiquement irresponsable. Il y a quelques années, on les avait même nourris avec des farines animales au point de rendre ces pauvres bêtes folles.

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Hé oui, je suis un ruminant. Je mange de l’herbe, étonnant, non?

Il faut donc aujourd’hui un salon pour rappeler aux paysans toutes les vertus de l’herbe. S’il vivait encore, mon grand-père aurait enlevé sa casquette, se serait gratté la tête en se demandant, un petit sourire en coin, si le monde n’est pas devenu fou… Il se serait sans doute esclaffé en entendant la question d’un petit garçon à un fermier lors d’une visite scolaire à la ferme que j’ai couverte il y a quelques mois  dans le cadre d’un autre reportage : « est-ce que les vaches mangent des chats? » Le gamin n’était pourtant pas un petit citadin, mais bien un petit gars de notre région semi-rurale.

Tous les produits de la terre devraient être naturellement bio…

Loin de moi l’idée de tourner en dérision le salon de l’autonomie fourragère, car les objectifs des organisateurs sont louables: inscrire l’agriculture dans le développement durable, lui faire quitter les sillons de l’industrie agro-alimentaire qui ont fait des paysans des esclaves de la terre. J’ai de l’admiration pour le couple d’agriculteurs qui accueille le salon sur ses terres: un physicien et une mathématicienne qui ont quitté le monde de l’enseignement et de la recherche pour cultiver la terre. Ils veulent transformer leur exploitation en ferme 100% bio.

Le bio… Voilà un terme qui aurait aussi fait sourire mon grand-père. Tout ce qui est issu de la terre ne devrait-il pas être naturellement bio, du grec « bios » qui signifie la vie? Cela veut-il dire que tout ce qui n’est pas bio n’est pas vraiment vivant? On peut le penser avec tous les produits phytosanitaires de l’agriculture conventionnelle qui ont appauvri, voire empoisonné, les sols. Je me suis toujours dit que la classification des produits agricoles n’était pas vraiment juste. On ne devrait pas faire la distinction entre les produits « bio » et les autres, mais bien entre les produits « agrochimiques » et les autres. Vous imaginez les grandes surfaces avec d’un coté le rayon des produits « agrochimiques » et de l’autre les produits vraiment agricoles c’est-à-dire qui respectent la terre? Les consommateurs auraient vite fait leur choix à mon avis.

Je rêve sans doute. Pourtant, je vous l’assure, je n’ai pas fumé de… l’herbe.

Si on réunissait toute l’humanité au Grand-Duché de Luxembourg ?

Je me pose parfois des questions étranges lorsque je laisse mon esprit vagabonder dans les transports en commun. Comme dans le métro de Londres, la veille du week-end pascal, il y a quelques mois, entre la gare de Pancras et l’arrêt à Earls court. Nous étions serrés comme des sardines dans le « tube » qui porte admirablement son nom. Je me suis demandé combien d’êtres humains pouvaient tenir debout sur une surface d’un mètre carré.  Trois, quatre, voire cinq, en perdant toute sphère intime.  Sur 1 km², on pourrait  donc placer 3 millions d’individus s’ils étaient trois par mètre carré, la quantité, disons, la plus confortable.

Pour contenir les 7,53  milliards d’hommes et de femmes que comporte et supporte la terre aujourd’hui, une superficie de 2510 km² suffirait donc s’ils se tenaient debout côte à côte. Soit à peu près la surface du Grand-Duché du Luxembourg…

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Je me sentais à l’étroit dans le métro de Londres…

Et si on donnait un peu plus d’air à chacun des habitants de la terre, disons une personne par mètre carré, la population mondiale tiendrait dans 7530 km², soit à peu près la moitié de la Wallonie. Dingue, non ? Certes on se marcherait sur les pieds, mais cela permettrait au reste de la planète de respirer, non ?

Ok, vous avez raison, l’air du métro londonien ne me réussit pas trop…

M… alors! Mettre son pied dedans ne porte pas bonheur…

Dimanche, la veille de la reprise du boulot, j’ai été me balader en famille dans les rues de Tournai. J’ai été tristement surpris par le nombre de déjections canines qui jonchaient les trottoirs. Il y avait même plusieurs étrons au pied de la cathédrale, juste à côté du panneau qui avertit d’une amende de 50 euros les propriétaires de chiens peu tatillons avec la propreté publique. C’était comme une provocation. J’aime les toutous. J’ai moi-même un Border Collie que j’adore, que j’emmène  en vacances avec moi, qui est comme un membre de la famille et dont je vante souvent les mérites au point de susciter des sourires gentiment moqueurs chez mes collègues.

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Mon chien Mila

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Le bonheur est dans le cèdre bleu

La sentence du bûcheron était sans appel: “ de toute façon, votre cèdre bleu était condamné ”. Elle a atténué le sentiment de culpabilité que j’éprouvais depuis que j’avais décidé de me séparer de cet arbre à la posture majestueuse, haut d’une dizaine de mètres. La décision avait été prise la veille de la Saint Sylvestre. Suite à de violentes rafales de vent, une grosse branche s’était effondrée dans le jardin, à un doigt de la grande baie vitrée qui aurait très bien pu voler en éclats. Heureusement les enfants ne jouaient pas dehors cet après-midi-là. Jusqu’alors, le cèdre ne nous ennuyait que l’été: ses aiguilles, persistantes et courtes, tombaient dans nos assiettes lorsque le temps nous permettait de dresser la table dans le jardin. Son ombre recouvrait certes les panneaux solaires, mais relativement tard dans l’après-midi, ce qui laissait le temps au soleil d’accomplir son œuvre calorifère.

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Aujourd’hui, le cèdre bleu n’est plus qu’une succession de grosses bûches, empilées les unes sur les autres sous le magnolia qu’il a longtemps dominé et qui prend ainsi sa revanche. En comptant les cercles de croissances, j’ai pu déterminer son âge: 30 ans, à peu près celui de la maison. C’était un bébé parce que selon les informations glanées sur internet, il aurait pu vivre… 2.000 ans et grimper jusqu’à 50 m de haut. Ce conifère, issu de la famille des pinacées, n’est pas une espèce indigène, comme le sont, par exemple, les saules têtards et les peupliers. Il s’est habitué à nos contrées après avoir été importé du Moyen-Orient et des contreforts de l’Himalaya. La lecture de sa généalogie avait ajouté à mon sentiment de culpabilité: le cèdre n’est-il pas l’arbre le plus souvent cité dans la bible? Un pays du Moyen-Orient ne l’a-t-il pas choisi comme emblème? Le cèdre du Liban a même servi à la construction du premier temple de Jérusalem, vers 976 avant Jésus-Christ. Importés d’Algérie, des semis du cèdre de l’Atlas, un proche cousin du cèdre bleu, ont permis de repeupler les pentes dénudées du Mont Ventoux, du Lubéron et des Pyrénées au XIXe siècle. L’immigration des arbres a précédé celle des hommes.

Il y a vraiment beaucoup à apprendre de nos frères, les arbres, qui ont livré à l’humanité une de ses plus précieuses inventions: le papier, incarnation de l’écriture.

Le mot “ livre ” provient d’ailleurs du latin “ liber ” qui, selon le petit Larousse, désigne encore la zone vivante du bois, riche en cellulose. L’adjectif “ libre ” a aussi la même… racine.

La maladie de mon cèdre bleu m’a fait davantage lever les yeux vers le ciel. Jusqu’alors je n’avais pas suffisamment conscience de la richesse sylvicole de mon jardin: un saule pleureur, un magnolia, deux bouleaux et trois hêtres pourpres qui doivent avoir à peu près le même âge. La sagesse des arbres avait conquis le premier propriétaire de ma maison.

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Le cèdre victime de l’orage

Le cèdre bleu ne semble pas me tenir rigueur de l’avoir fait abattre. Depuis, la souche et les bûches dégagent une agréable odeur de résine aromatisée qui embaume le jardin les jours de soleil, comme si l’arbre voulait me rappeler ses lointaines origines orientales, la richesse de ses histoires et la volupté d’un espace arboré.

Le bonheur est dans le cèdre bleu, comme dans tous les arbres.

(1) Chronique que j’ai écrite, sous le pseudo « Vintje », dans le Nord Eclair du 23 septembre 2007 et dont le titre était « les Propos du Dimanche », imaginés par Luc Parret, alias Eleph. Serdu, dont je reproduis ici le dessin, était notre illustrateur.

(2) Depuis la parution de cette chronique, j’ai dû hélas abattre les hêtres pourpres, dont les bûches ont rejoint celles du cèdre bleu sous le magnolia.

 

En voiture 100% électrique, Simone

Comme je l’ai évoqué dans ma note précédente, j’ai eu la chance de tester trois véhicules 100% électriques de la marque Renault dans les rues de Mouscron. environnementLa Twizy est le modèle fun, celui qui est censé attirer le regard et faire parler de lui. L’engin est à mi-chemin entre la voiture et la moto. En version 45 (max 50 km/h), il peut même se conduire sans permis. Il est vraiment très agréable à manier :idéal pour circuler rapidement dans une grande ville comme Paris ou Bruxelles, mais on ne peut être accompagné que d’un seul passager, assis à l’arrière comme sur une moto. La Kangoo Z.E. est le véhicule utilitaire. Elle est pareille à ses soeurs essence ou diesel, excepté qu’elle est pratiquement insonore. Idéal pour l’entrepreneur qui désire de circuler de chantier en chantier dans un rayon de 50 km. Enfin, la Fluence Z.E. est la familiale de la gamme : elle est aussi bluffante que les deux autres en terme de conduite.

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Même si je ne suis pas un professionnel de l’automobile, j’ai vraiment eu le sentiment de faire un bond dans le futur ou de participer à une avancée technologique majeure en essayant ces trois véhicules. Certes ils ne sont pas adaptés à une conduite nerveuse, mais ils séduiront ceux qui aiment une conduite souple, respectueuse des autres et de l’environnement. En terme de confort ou même d’accélération, ils n’ont rien à envier à leurs grandes soeurs qui roulent au carburant fossile. C’est, selon moi, l’avenir. Il reste à améliorer leur autonomie (max. 150 km pour la Fluence, par ex.), mais si tous les constructeurs automobiles s’y mettent, la voiture électrique risque de détrôner les véhicules classiques d’ici une vingtaine d’années. Les pouvoirs publics devront aussi investir dans des bornes de recharge. La ville de Mouscron attend l’aval de la Région wallonne pour en installer quelques-unes. Le plein électrique prend encore du temps : 6h pour une recharge complète de la Kangoo, par exemple, mais on peut la recharger chez soi à l’aide d’une simple prise électrique ou, mieux encore, pour la rapidité, au moyen d’une borne individuelle. environnementLe prix risque encore de constituer un frein en dépit des déductions  fiscales : entre 8.000 euros pour la Twizy et 25.000 pour la Kangoo. Mais un client de Renault Mouscron a fait le calcul en comparant les prix de l’essence et de l’électricité et en tenant compte de l’entretien du véhicule: sur une période quatre ans, un véhicule électrique de 25.000 euros revient 35% moins cher qu’une automobile classique.

Je n’ai qu’un seul conseil à donner : essayez, c’est bluffant.

(photos : Julien Azémar, Aurélie Pirkenne)

Une rencontre inattendue, entre liberté et fragilité

picvert2.jpgJ’ai eu une visite inattendue ce matin, chez moi, au petit déjeuner: celle d’un Pic vert qui s’est régalé avec les vers et les fourmis qui peuplent ma pelouse si mal entretenue. J’ai eu le temps de saisir mon appareil photo pour immortaliser cet instant magique. C’est le genre de rencontres qui me met de bonne humeur toute la journée. Les animaux sauvages dégagent une enivrante impression de liberté, dont on devine aussi toute la fragilité : ils sont constamment sur leur garde, l’esprit sans cesse en éveil, prêts à prendre la poudre d’escampette au moindre bruit suspect, ce que n’a pas manqué de faire mon pic vert dès que je me suis rapproché un peu trop près.

J’ai ressenti la même excitation lorsque j’ai croisé des dauphins dans la mer Egée, lors d’un voyage de presse en Grèce, il y a à peine une dizaine de jours. Je me souviens aussi d’un hibou moyen-duc surpris au fond de mon jardin, perché sur une branche de sapin, près du tas de compost, il y a quelques années. Ou encore d’une chouette chevêche qui est venue hélas percuter le pare-brise de ma voiture mais que j’ai pu sauver en l’emmenant dans un centre de revalidation pour oiseaux. Et à Mouscron, j’ai pu photographier six cigognes qui se reposaient dans un champ avant de reprendre leur migration vers le Nord.environnement,oiseaux,mouscron

Pourquoi une telle fascination que partagent beaucoup de mes amis et connaissances, si j’en crois toutes les réactions sur ma page facebook, où j’ai posté la photo de ma rencontre inattendue de ce vendredi matin? Sans doute parce que les animaux sauvages renvoient à notre part d’animalité. Entre liberté et fragilité.

 

Sens et croissance

François Hollande n’a plus que ce mot-là à la bouche depuis qu’il a été élu : croissance. Elio Di Rupo veut lui aussi de la croissance. Barack Obama en personne est sur la même longueur d’onde. C’est d’ailleurs à la Une du Monde. Il y a bien Angela Merkel qui renâcle, mais elle n’est pas vraiment contre le fait d’ajouter un chapitre « croissance » au dernier traité européen qui invite les états à la rigueur budgétaire.

Croissance, croissance et croissance. Le mot m’intrigue, me passionne même puisqu’il est censé de nous sortir de la crise, un autre mot compliqué. J’ai donc été voir dans le Petit Robert. Croissance : « 1. le fait de croître, de grandir (organisme). V. Développement, poussée. Enfant arrêtée dans sa croissance. Croissance rapide, hâtive. Maladie de croissance. 2. (Choses). V. Accroissement, augmentation, développement, progression. Croissance d’une ville. Croissance économique, accroissement de la production nationale des biens et des services ». Le dictionnaire ajoute même une citation de l’écrivain français François Mauriac, bien de circonstance : « La passion, à un certain point de sa croissance, nous tient ».

Croître les biens? Cela veut-il dire fabriquer plus de télés, plus de voitures, plus de téléphones portables?… Les écologistes risquent de ne pas être contents. Certains plaident même pour la décroissance ou la croissance zéro. Croître les services? Cela signifie-t-il plus de facteurs, plus d’agents de police, plus d’enseignants? La droite risque de ne pas être satisfaite : cela va creuser la dette publique. Un cercle vicieux. Qui peut-on croire? Et que peut-on croître finalement…

Quel sens donner au mot croissance? Croître pour quoi faire? Si c’est pour grandir l’humanité, c’est plutôt une belle idée, une croissance sensée, ai-je envie d’écrire. Mais si c’est pour choper une nouvelle maladie de croissance…

 

L’en… vert de Mouscron

NM-senti.JPGMouscron, à la première impression, ce n’est pas folichon : des petites maisons ouvrières blotties les unes contre les autres, deux autoroutes qui encadrent un paysage grisâtre, reliées par une route Express qui ne porte pas toujours bien son nom,  des zones industrielles aux effluves suspectes. Il y a certes l’hôtel de ville néo-gothique, de rouge vêtue, mais elle est comme un grain de beauté sur le visage d’une jeune fille un peu terne. Il y a encore le parc communal, mais il a l’air de se cacher, un peu honteux, au creux d’une pente qui mène vers la France. Lorsque j’ai appris que la Ville était dotée d’une cellule environnement, cela m’a fait l’effet d’une paire de skis sur une plage de sable fin. Cela m’a semblé extravagant, presque déplacé.

Erreur. Double erreur. Tout d’abord, une ville comme Mouscron est bel et bien comme une jeune fille un peu terne, mais qui mérite qu’on s’y attarde : elle ne se juge pas à la première impression, au premier regard. Ensuite, la cellule environnement fait un travail remarquable, pareil à celui d’une maquilleuse qui a l’art de mettre en valeur les beautés cachées et insoupçonnées. J’en ai encore eu un aperçu, ce lundi, après la découverte de trois sentiers qu’elle a réaménagés dans la perspective de « Cap Nature », une fête qui se tient ce samedi 12 mai, entre 14h et 18h. Le carré vert de la cité des Hurlus ne se limite pas à l’herbe du terrain de football du stade du Canonnier, c’est aussi des chemins bucoliques au Bois Fichaux, à Herseaux et à Dottignies. Tantôt une rangée de saules têtards, tantôt une ferme à hirondelles. Ici un sentier à insectes, là un passage sur caillebotis. Que des jolies surprises.

C’est l’en… vert de Mouscron.

L’article  sur Cap Nature est paru, avec les informations pratiques, dans l’édition de Nord Eclair du mardi 8 mai. Contact: cellule environnement de Mouscron.