La Normandie en motor-home pendant les vacances pascales. C’est l’expérience à laquelle je me suis prêté pendant quatre jours en famille. Une première, plutôt positive. C’est une autre manière de voyager. On ne roule pas en motor-home, on musarde. C’est une façon très relax d’envisager les vacances, dès les premiers tours de roue. Mon article est paru dans les éditions du groupe Sudpresse le samedi 14 septembre. C’était dans le cadre du salon du véhicule de loisirs qui se déroule du 12 au 20 octobre sur le plateau du Heysel à Bruxelles.
C’est à Bruxelles, auprès de Cap Evasion, que j’ai pris possession du motorhome (avec ou sans trait d’union), appelé camping-car en France: un Challenger Genesis 46, de quatre à six places. Une capucine plus précisément, avec une zone de couchage au-dessus de la cabine de conduite. Le maniement? Relativement simple, même s’il faut s’habituer aux rétroviseurs plus grands, à un empattement plus large et à une hauteur plus importante du siège conducteur, ce qui peut être déstabilisant aux péages autoroutiers (plus chers aussi en raison de la taille). L’embrayage est un peu plus sensible. J’ai calé deux fois avant de récupérer la famille, impatiente, à Tournai. Règle n° 1: bien réfléchir à la manière dont on aménage ses affaires, histoire d’éviter d’enlever tous les vêtements avant de trouver le ciré nécessaire en cas de pluie. Il vaut mieux être une famille organisée. L’espace est confiné, mais les placards et les tiroirs ne manquent pas pour les vivres et les effets personnels. Tout est fonctionnel. Le nécessaire de cuisine est inclus.
Difficile d’interdire Valentine, 16 ans, et Maxime, 13 ans, de prendre possession de leur couchette à l’arrière quand on roule, mais le code de la route les oblige à rester assis, la ceinture bouclée, autour de la table du petit salon, où ils peuvent lire ou pratiquer un jeu de société. Cela évite les phrases du genre «quand est-ce qu’on arrive?» Les 438 km jusqu’Etretat sont un enchantement. Le motor-home est une invitation à la musardise, et on plaint les automobilistes, la mine bougonne, qui cherchent à vous dépasser sur les routes de campagne. Après une première nuit, tranquille, entre le commissariat et la gare d’Etretat, nous passons la deuxième à Honfleur, le port préféré des peintres, sur un parking spécialement aménagé, c’est-à-dire avec branchement électrique, ce dont s’occupera mon fils, approvisionnement en eau et possibilités de vidange. Les cités touristiques dignes de ce nom ont leur espace «motor-home». Au coût modique: 10 euros la journée à Honfleur (le paiement sera contrôlé deux fois, par un agent municipal et par la police).
Il n’y avait quasiment personne à notre arrivée, mais le lendemain, premier jour des vacances de Pâques en France, il y avait au moins une centaine de motor-homes. Deux types de campingcaristes: soit des couples de retraités, le plus souvent avec leur chien, soit de jeunes couples, avec des enfants en bas âge. Peu d’ados, sans doute parce que c’est un âge où on supporte moins le confinement. L’ambiance est conviviale, comme dans une confrérie: on s’échange les bonnes adresses, les endroits à éviter (tous les emplacements réservés ne sont pas nickels). On a vu beaucoup de camping-cars munis de remorque avec motos ou scooters, voire une petite voiture électrique. Mais les vélos, accrochés à l’arrière du véhicule, suffisent pour visiter les alentours ou faire les courses sans bouger le motorhome. On a regretté ne pas les avoir emportés.
Passée la grimace après la vidange du réservoir «pipi» (rempli après 480 km), nous avons repris la route. Direction Jumièges, à la très belle abbaye, après un passage par le Touquet, la bourgeoise. Premier plein de diesel à Pont-l’Evêque : 100 euros pour 500 km environ. On n’a pas pu franchir la Seine par bac, en raison de la hauteur limite du motor-home: 3m. Mais le détour imposé dans la campagne normande en valait la peine. Nous avons passé la nuit sur le parking municipal, gratuit hors-saison. C’est là, dans un coin de campagne tranquille, que nous avons pris toute la mesure de la liberté offerte par le motorhome: dîner avec vue sur l’abbaye, balade à pied le long de la Seine et dans les bocages normands en étant sûrs de retrouver un endroit où prendre une douche (l’espace est réduit, mais on s’y fait), pique-niquer à l’abri, se reposer, etc.
Si j’ai choisi la Normandie pour cette première en motor-home, c’est en raison d’un mauvais souvenir d’enfance: à l’âge de 10 ans, j’avais été obligé de dormir dans la voiture avec mes parents, mon frère et ma grand-mère paternelle dans une position inconfortable, faute de place dans les hôtels de la région. Alors balader sa maison avec soi, avec tout le confort nécessaire, sans souci pour trouver une auberge, quelle revanche sur le passé!