Journaliste régional, il m’arrive quand même de partir de temps en temps à l’étranger pour un voyage de presse. Ce sera le cas, dès ce samedi, au départ de l’aéroport de Charleroi pour un séjour de trois jours en Grèce, à Volos plus exactement un port situé au nord-est d’Athènes. L’objet du reportage n’est pas la crise grecque, même si je ne manquerai pas de l’évoquer, mais la découverte d’une zone touristique pas encore très connue :l’île d’Alonissos. En cette période délicate, les Grecs ont besoin de touristes comme de pain.
J’ai eu la chance de faire quelques voyages intéressants : la Corse, la Tunisie, l’Angleterre, la Hongrie et surtout la Zambie pour les destinations les plus lointaines. C’est soit à but touristique, pour la rubrique « évasion » ou « vacances », comme c’est le cas cette fois en Grèce; la rédaction opère alors une tournante entre les journalistes. Soit pour accompagner un groupe régional, une personnalité locale qui part se distinguer à l’étranger, comme ce fut le cas avec le Ballet du Hainaut (Tournai) en Hongrie ou encore avec la Tournaisienne Mélanie Cohl lors du concours Eurovision de la chanson à Birmingham.
Mon plus beau voyage, ce fut la Zambie, où j’avais accompagné une délégation de jeunes Européens qui avaient gagné un concours international organisé par le Commissaire européen au développement de l’époque, Louis Michel. Parmi les lauréates : une jeune artiste mouscronnoise qui s’était distinguée en dessinant une affiche qui symbolisait les relations de coopération entre l’Europe et l’Afrique. J’ai eu le privilège de pouvoir assister au voyage d’une semaine en Zambie qui était en fait la récompense de tous ces jeunes artistes. Il y avait deux aspects : le premier, plus social, avec la découverte de tout ce que l’Europe mettait en place pour aider cette zone du sud de l’Afrique : aide aux femmes battues, un fléau là-bas, assistance aux jeunes orphelins de parents morts du Sida, un autre fléau, soutien au programme d’éducation, un espoir, etc. Le second était plus touristique avec la découverte des chutes Victoria, vertigineuses, et une croisière sur le fleuve zambèze, inoubliable. La première partie était pour moi la plus impressionnante, même si selon les confrères qui m’accompagnaient, plus habitués à l’Afrique que moi, la Zambie est encore relativement épargnée par la pauvreté.
Le plus beau voyage, mais aussi le plus gros malaise de ma carrière de journaliste. Mes confrères de la presse télévisuelle avaient besoin d’images. Ils avaient demandé au chauffeur du bus qui nous guidait à travers les rues de la capitale Lusaka de nous emmener sur un marché. Je n’oublierai jamais notre arrivée dans un endroit boueux, sombre, où un Européen ne ferait pas ses besoins. Mais là, les gens y vendaient quelques légumes, des vélos d’un autre âge, des vêtements et des étoffes. En nous voyant débarquer du bus, caméras à l’épaule et appareils photos en bandoulière, ces personnes ont compris qu’on était là pour saisir la misère comme on le fait en visitant un zoo. Il faut dire que mes confrères de la presse télé, à l’exception notable de No Télé, également du voyage, n’étaient pas d’une très grande délicatesse. Je n’oublierai jamais les regards noirs de désapprobation, les doigts vengeurs des femmes et les yeux tristes des enfants. J’ai préféré remonter dans le bus, et me faire tout petit, tout petit, tout petit. Je me suis jamais senti aussi petit, petit, petit…