Bonheur et tragédie à la grecque

Deux sentiments m’habitent au terme de mon voyage de presse en Grèce, plus précisément à Volos, la cité des Argonautes, et à Alonnisos qui est une des îles les plus importantes et les plus sauvages des Sporades au sein de la mer Egèe. Tout d’abord, le pays est toujours aussi magnifique. J’avais visité les Cyclades et le Péloponnèse il y a 25 ans avec une bande d’amis. Et j’ai retrouvé la même lumière, même si des épisodes de pluie ont obscurci le ciel au cours de notre séjour de trois jours et demi. Mais dès que les nuages se retirent, le bleu du ciel se dispute à celui de la mer dans d’innombrables reflets. C’est un spectacle dont on ne se lasse jamais. grèce,crise,tourismeLe parc marin d’Alonnisos est le plus grand d’Europe avec en vedette ses phoques moines, mais ce sont trois dauphins que nous avons croisés au large des îles à bord d’un bateau à faire rêver. J’étais excité comme un jeune enfant comme les trois autres journalistes qui m’accompagnaient d’ailleurs. Certes les maisons des Sporades ne sont pas aussi typiques que celles de Cyclades, à la blancheur immaculée et au bleu étincelant, mais elles sont entourées de davantage de végétation. Une touche de vert qui s’harmonise parfaitement avec le bleu et le blanc.

Deuxième sentiment: la crise bien sûr. Même si vous ne leur en parlez pas spontanément, les Grecs finissent toujours par l’évoquer, surtout au bout de quelques verres de tsipouro, leur excellent apéritif local qui est assez proche de l’ouzo traditionnel. Ils ne perdent jamais leur sourire lorsqu’ils s’épanchent, mais on sent que la crise a touché leur âme. Un mot qu’il ne connaissait pas il y a encore deux ans est apparu dans le vocabulaire grec: le mot « dépression ». Il n’y a jamais eu autant de suicides, une phènomène jusqu’alors relativement rare, nous a assuré notre accompagnatrice, Alessandra. La crise n’a pas des conséquences que sur le portefeuille. Ainsi Dimitri, employé à l’office du tourisme de Volos, nous a confié avoir renoncé à un deuxième enfant parce que les allocations familiales ont été réduites à portion congrue et que son salaire a été raboté de 20%. La soeur d’Alessandra, active dans les assurances, a, elle, vu ses rémunérations réduites carrément de moitié. Les enfants, même adultes, retournent vivre auprès de leurs parents. Une commerçante d’Alonnisos, Melpomène,a décidé d’envoyer promener sa banque en ne lui remboursant plus l’emprunt de 500 euros mensuel qu’elle avait contracté pour sa boutique. « Mon portefeuille est vide », nous a-t-elle dit. « Et l’Etat, ce n’est plus que taxes, taxes et taxes ». Le maire d’Alonissos a une vision très réaliste de la crise. « C’est de la faute de l’Etat et des Grecs eux-mêmes », estime-t-il. L’Etat, parce qu’il n’a pas imposé de contrôles à ses concitoyens. Et les Grecs eux-mêmes, parce qu’ils ont profité du système en achetant, par familles entières, les voix des élus contre avantages et privilèges. Le maire a quand même lancé entre deux tsipouros : « la crise est une opportunité ». Une opportunité pour « enfin » changer les mauvaises habitudes, mais le chemin est encore long.

grèce,crise,tourismeIl est en tout cas impensable que l’Europe laisse tomber les Grecs, berceau de nos démocraties, et les fasse sortir de la zone Euro. « Ce serait une catastrophe », pense le maire. En tant que citoyen, on peut les aider en s’y rendant tout simplement en vacances. Les Grecs restent extrêmement chaleureux, même avec les Allemands. « Nous n’en voulons pas au peuple allemand, mais à Angela Merkel », nous a dit, dans un sourire, Dimitri. Les Grecs ont aujourd’hui besoin de touristes comme de pain.

Mon reportage (1) n’est pas prévu pour les pages politiques ou internationales, mais pour la rubrique « vacances » et/ou « évasion ». Mais je me rends compte qu’inviter les lecteurs à se rendre en Grèce, même pour un bref séjour, est sans doute une des plus belles façons d’aider ce formidable peuple chargé d’histoire.

 

L’en… vert de Mouscron

NM-senti.JPGMouscron, à la première impression, ce n’est pas folichon : des petites maisons ouvrières blotties les unes contre les autres, deux autoroutes qui encadrent un paysage grisâtre, reliées par une route Express qui ne porte pas toujours bien son nom,  des zones industrielles aux effluves suspectes. Il y a certes l’hôtel de ville néo-gothique, de rouge vêtue, mais elle est comme un grain de beauté sur le visage d’une jeune fille un peu terne. Il y a encore le parc communal, mais il a l’air de se cacher, un peu honteux, au creux d’une pente qui mène vers la France. Lorsque j’ai appris que la Ville était dotée d’une cellule environnement, cela m’a fait l’effet d’une paire de skis sur une plage de sable fin. Cela m’a semblé extravagant, presque déplacé.

Erreur. Double erreur. Tout d’abord, une ville comme Mouscron est bel et bien comme une jeune fille un peu terne, mais qui mérite qu’on s’y attarde : elle ne se juge pas à la première impression, au premier regard. Ensuite, la cellule environnement fait un travail remarquable, pareil à celui d’une maquilleuse qui a l’art de mettre en valeur les beautés cachées et insoupçonnées. J’en ai encore eu un aperçu, ce lundi, après la découverte de trois sentiers qu’elle a réaménagés dans la perspective de « Cap Nature », une fête qui se tient ce samedi 12 mai, entre 14h et 18h. Le carré vert de la cité des Hurlus ne se limite pas à l’herbe du terrain de football du stade du Canonnier, c’est aussi des chemins bucoliques au Bois Fichaux, à Herseaux et à Dottignies. Tantôt une rangée de saules têtards, tantôt une ferme à hirondelles. Ici un sentier à insectes, là un passage sur caillebotis. Que des jolies surprises.

C’est l’en… vert de Mouscron.

L’article  sur Cap Nature est paru, avec les informations pratiques, dans l’édition de Nord Eclair du mardi 8 mai. Contact: cellule environnement de Mouscron.