Expérience intéressante et inédite pour moi il y a une quinzaine de jours : j’ai animé un débat politique entre les jeunes candidats des quatre partis en lice pour les élections communales à Mouscron. Je remercie d’ailleurs les deux organisateurs de la soirée, à savoir Chloé Deltour (Ecolo) et David Vacarri (MR), d’avoir pensé à moi (ainsi qu’à mon jeune confrère du Courrier, Thomas Turillon) pour modérer les échanges. C’est une marque de confiance qui m’a touché. Contrairement à ce que je pensais, ce ne fut pas trop difficile : mes huit interlocuteurs (deux de chaque parti) se sont montrés particulièrement courtois et respectueux. Sans doute l’avantage de leur jeunesse. Ils n’ont pas encore les « vices » des vieux briscards qui savent monter dans les tours et piquer leur adversaire quand il s’agit de détourner l’attention d’une question plus délicate. J’ai beaucoup d’admiration pour les jeunes qui se lancent dans la politique, car il faut bien l’avouer, ce n’est pas très tendance de nos jours. Il faut une sacrée dose de courage pour affronter les « yaka », dont hélas se prévalent beaucoup de nos concitoyens plus prompts à critiquer qu’à mouiller le maillot. Continuer la lecture de Politique: « Tous et toudis les mêmes »
Catégorie : Journalisme
La rentrée, quoi
C’était aussi jour de rentrée pour moi après deux semaines de vacances en Vendée. La rentrée scolaire: un marronnier comme on dit dans le jargon journalistique. Il faut chaque année faire preuve d’imagination pour la traiter de manière originale. Un premier devoir de rentrée en quelque sorte. Mais j’y ai échappé puisque je me suis occupé de la mise en page du journal aujourd’hui.
L’actualité n’a pas pris de vacances en août avec la mort de Guy Spitaels qui m’avait intellectuellement impressionné lorsque j’ai eu l’occasion de l’interroger lors de la publication d’un de ses livres. Le décès aussi de Michel Daerden qui, lui, m’avait plutôt bibitivement surpris lors d’une rentrée parlementaire à la Région wallonne il y a quelques années. Un même parti, mais deux hommes totalement différents. Il y a aussi la libération conditionnelle de Michèle Martin, un sujet délicat sur lequel j’ai du mal à me prononcer. Je me dis qu’elle aurait dû accomplir l’entièreté de sa peine et, dans le même temps, je me dis qu’elle est peut-être – j’écris bien peut-être – sincère dans le désir de se repentir. Autant je comprends le désarroi des parents des victimes, autant je condamne les manifestations violentes autour du couvent de Malonne où l’ex-femme de Marc Dutroux s’est réfugiée. Autant j’avais été émotionnellement submergé par la première marche blanche organisée par les parents en 1996 et à laquelle j’avais participé en tant que citoyen, autant je me suis toujours méfié des comités blancs qui sont nés par la suite et dont beaucoup, mais pas tous, je le précise bien, avaient des relents poujadistes. Un sujet délicat, écris-je.
Enfin, chaque année, à mon retour de vacances, j’ai droit à ma petite querelle linguistique dès que je branche une radio belge à l’approche de la frontière. Cette fois, c’était le débat autour du gordel, la « promenade » cycliste dans la périphérie de Bruxelles. Un retour à la réalité après deux semaines de vacances à l’étranger. Pas la dure réalité, mais la réalité dans ce qu’elle a parfois de plus absurde. La rentrée en Belgique, quoi.
Des boîtes d’antidépresseurs à la figure
Mercredi matin, une lectrice a franchi la porte de la rédaction de Nord Eclair Mouscron complètement furieuse. Elle a même renversé, plutôt violemment, sur le bureau de notre assistante d’édition un sac rempli de boîtes de médicaments, vides, qui étaient des antidépresseurs et des calmants. Elle était tellement énervée qu’elle a eu du mal à expliquer l’objet de son courroux : un article qui faisait état d’une sordide affaire de viol. Son nom n’était pas cité, ni son adresse, mais des voisins l’ont apparemment reconnue et ont « aimablement » glissé l’article dans sa boîte aux lettres. J’ai pensé à une erreur ou à une maladresse d’un journaliste, cela peut arriver, mais non l’auteur de l’article avait fait correctement son travail : il a tout simplement relaté une séance du tribunal correctionnel de Tournai en publiant les différents points de vue, celui de l’avocat de la défense qui représente les intérêts de l’auteur du délit et celui du Procureur du Roi qui prend la parole au nom de la société. Un compte-rendu, comme on dit dans le jargon journalistique, sous le titre « tribunal ». La dame ne pouvait pas comprendre que l’affaire s’était retrouvée dans le journal, dans le nôtre mais aussi dans ceux de la concurrence. Elle était accompagnée d’une amie qui partageait son incrédulité. L’assistante d’édition et moi-même eûmes beau essayer, au moins trois fois, de leur expliquer calmement que les séances du tribunal correctionnel étaient publiques et ouvertes à la presse, que l’anonymat avait été respecté, rien n’y faisait. Elles restaient persuadées qu’un protagoniste de l’affaire était passé par la rédaction pour nous raconter l’histoire à laquelle nous avions accordé du crédit sans vérifier et sans la plus élementaire prudence.
Je pouvais comprendre la colère de la dame qui est une victime dans ce dossier. Elle ne peut émotivement pas avoir le recul nécessaire. Mais j’ai été sidéré par son manque de connaissance de la procédure judiciaire. Son amie et elle semblaient pourtant des personnes instruites, l’une’étant même une artiste à ses heures, mais le fonctionnement de la justice et de la presse semblait complètement les dépasser. La dame, victime, ne s’était même pas constituée partie civile. Et elle ne s’était pas renseignée sur la date du procès, ni sur celle du jugement à venir. Je les ai invitées à se rendre au palais de justice où des assistantes d’aide aux victimes pouvaient les prendre en charge, les soutenir, vérifier si elles avaient été correctement informées de la procédure, etc, mais elles n’avaient pas l’air de prendre mon conseil au sérieux. C’était dans le journal et, par conséquent, c’était la faute du journal.
Ce n’est pas la première fois qu’un journaliste se fait engueuler, et ce n’est sans doute pas la dernière, mais cette affaire invite à la modestie. Avec la multiplication des sources et des réseaux d’information, on a parfois le sentiment que nos contemporains savent tout sur tout, qu’ils n’ignorent plus rien du fonctionnement de la presse, de la justice, de la politique, etc. bref de la démocratie. Mais non, il faut sans cesse expliquer, vulgariser. Expliquer encore. Et encore. Sous peine de se prendre à nouveau des boîtes d’antidépresseurs et de calmants à la figure.
Disparaître derrière son sujet…
J’ai noté, dans mon calepin, une phrase du photographe Raymond Depardon que lui avait dite un chef de service lorsqu’il travaillait pour une agence de presse. Il l’a rappelée à un journaliste du Soir qui l’interviewait cette semaine : « à mes débuts, on me disait : ‘oulala, tu commences à te prendre la tête. Tu n’es qu’un journaliste. Tu dois disparaître derrière ton sujet ». Je l’ai notée parce que la phrase correspond à l’idée que je me fais du métier : on doit effectivement s’effacer derrière son sujet. Raymond Depardon, lui, n’était pas tout à fait d’accord avec la sentence de son chef de service : un auteur ou un artiste peut naître derrière le sujet, ce qu’il est devenu d’ailleurs, mais alors, selon moi, on sort du journalisme.
Hasard de l’agenda : le jour où je découvre ce souvenir de Raymond Depardon dans le Soir, je suis invité à tester trois véhicules 100% électrique de Renault dans les rues de Mouscron. Et qu’ai-je fait avec deux de mes collègues : je me suis mis en scène, photos et vidéo à l’appui, derrière le volant de ces véhicules qui sont bluffants par ailleurs. Je ne me suis pas tout à fait effacé derrière le sujet…
Bonheur et tragédie à la grecque
Deux sentiments m’habitent au terme de mon voyage de presse en Grèce, plus précisément à Volos, la cité des Argonautes, et à Alonnisos qui est une des îles les plus importantes et les plus sauvages des Sporades au sein de la mer Egèe. Tout d’abord, le pays est toujours aussi magnifique. J’avais visité les Cyclades et le Péloponnèse il y a 25 ans avec une bande d’amis. Et j’ai retrouvé la même lumière, même si des épisodes de pluie ont obscurci le ciel au cours de notre séjour de trois jours et demi. Mais dès que les nuages se retirent, le bleu du ciel se dispute à celui de la mer dans d’innombrables reflets. C’est un spectacle dont on ne se lasse jamais. Le parc marin d’Alonnisos est le plus grand d’Europe avec en vedette ses phoques moines, mais ce sont trois dauphins que nous avons croisés au large des îles à bord d’un bateau à faire rêver. J’étais excité comme un jeune enfant comme les trois autres journalistes qui m’accompagnaient d’ailleurs. Certes les maisons des Sporades ne sont pas aussi typiques que celles de Cyclades, à la blancheur immaculée et au bleu étincelant, mais elles sont entourées de davantage de végétation. Une touche de vert qui s’harmonise parfaitement avec le bleu et le blanc.
Deuxième sentiment: la crise bien sûr. Même si vous ne leur en parlez pas spontanément, les Grecs finissent toujours par l’évoquer, surtout au bout de quelques verres de tsipouro, leur excellent apéritif local qui est assez proche de l’ouzo traditionnel. Ils ne perdent jamais leur sourire lorsqu’ils s’épanchent, mais on sent que la crise a touché leur âme. Un mot qu’il ne connaissait pas il y a encore deux ans est apparu dans le vocabulaire grec: le mot « dépression ». Il n’y a jamais eu autant de suicides, une phènomène jusqu’alors relativement rare, nous a assuré notre accompagnatrice, Alessandra. La crise n’a pas des conséquences que sur le portefeuille. Ainsi Dimitri, employé à l’office du tourisme de Volos, nous a confié avoir renoncé à un deuxième enfant parce que les allocations familiales ont été réduites à portion congrue et que son salaire a été raboté de 20%. La soeur d’Alessandra, active dans les assurances, a, elle, vu ses rémunérations réduites carrément de moitié. Les enfants, même adultes, retournent vivre auprès de leurs parents. Une commerçante d’Alonnisos, Melpomène,a décidé d’envoyer promener sa banque en ne lui remboursant plus l’emprunt de 500 euros mensuel qu’elle avait contracté pour sa boutique. « Mon portefeuille est vide », nous a-t-elle dit. « Et l’Etat, ce n’est plus que taxes, taxes et taxes ». Le maire d’Alonissos a une vision très réaliste de la crise. « C’est de la faute de l’Etat et des Grecs eux-mêmes », estime-t-il. L’Etat, parce qu’il n’a pas imposé de contrôles à ses concitoyens. Et les Grecs eux-mêmes, parce qu’ils ont profité du système en achetant, par familles entières, les voix des élus contre avantages et privilèges. Le maire a quand même lancé entre deux tsipouros : « la crise est une opportunité ». Une opportunité pour « enfin » changer les mauvaises habitudes, mais le chemin est encore long.
Il est en tout cas impensable que l’Europe laisse tomber les Grecs, berceau de nos démocraties, et les fasse sortir de la zone Euro. « Ce serait une catastrophe », pense le maire. En tant que citoyen, on peut les aider en s’y rendant tout simplement en vacances. Les Grecs restent extrêmement chaleureux, même avec les Allemands. « Nous n’en voulons pas au peuple allemand, mais à Angela Merkel », nous a dit, dans un sourire, Dimitri. Les Grecs ont aujourd’hui besoin de touristes comme de pain.
Mon reportage (1) n’est pas prévu pour les pages politiques ou internationales, mais pour la rubrique « vacances » et/ou « évasion ». Mais je me rends compte qu’inviter les lecteurs à se rendre en Grèce, même pour un bref séjour, est sans doute une des plus belles façons d’aider ce formidable peuple chargé d’histoire.
Tout petit en Zambie
Journaliste régional, il m’arrive quand même de partir de temps en temps à l’étranger pour un voyage de presse. Ce sera le cas, dès ce samedi, au départ de l’aéroport de Charleroi pour un séjour de trois jours en Grèce, à Volos plus exactement un port situé au nord-est d’Athènes. L’objet du reportage n’est pas la crise grecque, même si je ne manquerai pas de l’évoquer, mais la découverte d’une zone touristique pas encore très connue :l’île d’Alonissos. En cette période délicate, les Grecs ont besoin de touristes comme de pain.
J’ai eu la chance de faire quelques voyages intéressants : la Corse, la Tunisie, l’Angleterre, la Hongrie et surtout la Zambie pour les destinations les plus lointaines. C’est soit à but touristique, pour la rubrique « évasion » ou « vacances », comme c’est le cas cette fois en Grèce; la rédaction opère alors une tournante entre les journalistes. Soit pour accompagner un groupe régional, une personnalité locale qui part se distinguer à l’étranger, comme ce fut le cas avec le Ballet du Hainaut (Tournai) en Hongrie ou encore avec la Tournaisienne Mélanie Cohl lors du concours Eurovision de la chanson à Birmingham.
Mon plus beau voyage, ce fut la Zambie, où j’avais accompagné une délégation de jeunes Européens qui avaient gagné un concours international organisé par le Commissaire européen au développement de l’époque, Louis Michel. Parmi les lauréates : une jeune artiste mouscronnoise qui s’était distinguée en dessinant une affiche qui symbolisait les relations de coopération entre l’Europe et l’Afrique. J’ai eu le privilège de pouvoir assister au voyage d’une semaine en Zambie qui était en fait la récompense de tous ces jeunes artistes. Il y avait deux aspects : le premier, plus social, avec la découverte de tout ce que l’Europe mettait en place pour aider cette zone du sud de l’Afrique : aide aux femmes battues, un fléau là-bas, assistance aux jeunes orphelins de parents morts du Sida, un autre fléau, soutien au programme d’éducation, un espoir, etc. Le second était plus touristique avec la découverte des chutes Victoria, vertigineuses, et une croisière sur le fleuve zambèze, inoubliable. La première partie était pour moi la plus impressionnante, même si selon les confrères qui m’accompagnaient, plus habitués à l’Afrique que moi, la Zambie est encore relativement épargnée par la pauvreté.
Le plus beau voyage, mais aussi le plus gros malaise de ma carrière de journaliste. Mes confrères de la presse télévisuelle avaient besoin d’images. Ils avaient demandé au chauffeur du bus qui nous guidait à travers les rues de la capitale Lusaka de nous emmener sur un marché. Je n’oublierai jamais notre arrivée dans un endroit boueux, sombre, où un Européen ne ferait pas ses besoins. Mais là, les gens y vendaient quelques légumes, des vélos d’un autre âge, des vêtements et des étoffes. En nous voyant débarquer du bus, caméras à l’épaule et appareils photos en bandoulière, ces personnes ont compris qu’on était là pour saisir la misère comme on le fait en visitant un zoo. Il faut dire que mes confrères de la presse télé, à l’exception notable de No Télé, également du voyage, n’étaient pas d’une très grande délicatesse. Je n’oublierai jamais les regards noirs de désapprobation, les doigts vengeurs des femmes et les yeux tristes des enfants. J’ai préféré remonter dans le bus, et me faire tout petit, tout petit, tout petit. Je me suis jamais senti aussi petit, petit, petit…
A tu et à toi avec le politique
Mercredi, à la Maison de la culture de Tournai, j’étais invité à participer à une table ronde organisée par la Helha sur le thème de la démocratie et les médias. C’est toujours intéressant de participer à ce genre de débats, car cela permet de réfléchir sur son métier, sur le sens qu’on lui donne. On m’a interrogé plus précisément sur la proximité entre la presse et le monde politique. Dans la presse régionale, responsables politiques et journalistes sont amenés à se côtoyer presque quotidiennement.
Je suis parti d’une question simple: peut-on, comme journaliste, tutoyer un élu, quel que soit son niveau de pouvoir, son obédience? Les bouquins sur le journalisme que je lisais lorsque j’étais au début de ma carrière étaient formels : non, surtout pas. Je me souviens d’un passage dans le livre « Un temps de chien », d’Edwy Plenel, un journaliste français d’investigation très connu, qui le déconseillait très fortement. Le vouvoiement permet la distance, considère-t-il, la distance critique. C’est un conseil que je n’ai pas suivi ou alors, très peu de temps, car après pratiquement 20 ans de métier, je me rends compte que je tutoie pratiquement tous les hommes et femmes politiques que je connais dans ma région. Et ils me rendent le tutoiement qu’ils ont souvent été les premiers à m’adresser d’ailleurs. Ce n’est pas facile de résister au tutoiement qui invite à la confidence.
Ai-je pour autant perdu mon sens critique? Je ne le pense pas. Je tutoie mes amis, mes collègues, ce qui ne m’empêche pas de leur dire ce que je pense quand quelque chose me déplait. Le tu est un peu devenu, ces dernières années, le you anglais qui ne fait pas la distinction entre le vouvoiement et le tutoiement. Cela peut être un baromètre aussi: je me souviens de personnalités politiques être revenues au vouvoiement après un article qui leur a déplu et être repassées au tutoiement après un autre qu’elles considéraient comme plus favorable. Puis les hommes politiques comme les journalistes ne sont pas dupes: les premiers savent qu’en dépit du tutoiement, un journaliste reste un journaliste toujours susceptible de se servir de ses confidences d’une façon ou d’une autre, et les seconds savent qu’une confidence d’un responsable politique, même livrée sous le sceau du tutoiement, n’est jamais tout à fait innocente. L’important, je crois, est surtout de rester honnête et vigilant avec soi même. Et vous, cher lecteur, qu’en pensez-vous? Ou plutôt toi, cher lecteur, qu’en penses-tu?
Le monde et « le Monde »
En rangeant ma bibliothèque, je suis tombé sur un livre qu’on m’avait offert pour un anniversaire. Un recueil au titre télégraphique: « Les grands reportages, 1944-2009, Le Monde, 100 récits exceptionnels ». L’ouvrage reprend 100 reportages qui ont marqué l’histoire du journal. Avec des plumes célèbres: Jean-Claude Guillebaud, André Fontaine, Bertrand Poirot-Delpech, etc. Le Monde: « la » référence du journalisme. Le rêve ultime pour le journaliste qui débute, même si aujourd’hui, comme m’a dit un jeune collègue, ce n’est plus ce que c’était.
A vue de nez, chaque récit fait au maximum 5.000 signes. Une ineptie pour le journalisme du XXIe siècle, dont la mode est au court. La légende raconte que le premier rédacteur en chef du Monde disait à ses journalistes de faire « long et ennuyant ». Long peut-être, mais ennuyant, certainement pas pour chaque récit du recueil qui se lit comme un mini-roman, excepté que les personnages ne sont nullement imaginaires ou fictifs. La « vraie » vie, souvent abrupte comme « l’histoire d’une famine en Ethiopie » (1974) de Jean-Claude Guillebaud ou encore « cent mètres de trottoir à Calcutta » du même journaliste, à qui mon professeur d’analyse de presse écrite à l’UCL, Gabriel Ringlet, vouait un véritable culte. Le monde n’est pas que le terrain de chasse de ces repor-terre(s). Ils racontent aussi les faits divers, les tribunaux ou le sport. Un petit bijou que ce récit de la victoire de Carl Lewis lors du 100 m des Jeux Olympiques de Los Angeles (le Diable et le bon Dieu, 1984). Ou l’art de raconter 9,9 secondes. Ce recueil, que je redécouvre, c’est l’Histoire à travers les petites histoires.
La lecture de « Un trou dans le rideau de fer » (1989), qui raconte les mois qui ont précédé la chute du mur de Berlin, me rappelle une petite histoire, une anecdote. A l’époque, j’étais étudiant en journalisme. Plusieurs copains de fac sont partis à Berlin en voiture à l’annonce de la chute du mur. Je le regrette encore aujourd’hui, mais pour je ne sais quelle raison, j’avais refusé de les accompagner pour vivre ce moment historique. J’aurais pu être un de ces raconteurs d’histoire que j’admire ici. Mais mes amis m’ont ramené un bout du mur, quelques gravats, que j’ai posés sur la commode familiale comme on exhibe un trophée. Le week-end suivant, après une semaine de kot à Louvain, le bout du mur n’y était plus. La femme de ménage était passée par là. Elle avait cru à un vulgaire gravat tombé d’un mur de la maison et posé là négligemment. Mon morceau d’histoire a terminé à la poubelle.
En guise de prologue
Bonjour, je commence dès aujourd’hui, le dimanche 29 avril 2012, la rédaction d’un carnet de bord dans lequel je livrerai mes commentaires personnels sur l’actualité régionale de la Wallonie picarde (ou Hainaut occidental), fédérale de la Belgique et internationale. C’est dans la même ligne du carnet de bord que je rédigeais pour le compte de Nord Éclair lorsque j’étais chef de l’édition tournaisienne et à propos duquel j’ai eu beaucoup d’échos favorables. Mon nouveau carnet de bord est plus personnel : il n’engage que moi et non la rédaction de Nord Éclair et/ou de Sudpresse, auquel appartient Nord Éclair. Vos commentaires sont toujours les bienvenus, mais je n’accepte pas ceux sous le couvert de l’anonymat, ceci pour éviter les dérives que je lis parfois sur les sites internet des journaux. J’essayerai d’alimenter mon carnet de bord au moins une fois par semaine au gré de mes lectures, de l’actualité, de vos commentaires, de mes expériences personnelles et de mes rencontres.
Je ne veux nullement m’ériger en donneur de leçons mais bien en incitateur de réflexions.
Je vous souhaite une bonne lecture.