J’ai noté, dans mon calepin, une phrase du photographe Raymond Depardon que lui avait dite un chef de service lorsqu’il travaillait pour une agence de presse. Il l’a rappelée à un journaliste du Soir qui l’interviewait cette semaine : « à mes débuts, on me disait : ‘oulala, tu commences à te prendre la tête. Tu n’es qu’un journaliste. Tu dois disparaître derrière ton sujet ». Je l’ai notée parce que la phrase correspond à l’idée que je me fais du métier : on doit effectivement s’effacer derrière son sujet. Raymond Depardon, lui, n’était pas tout à fait d’accord avec la sentence de son chef de service : un auteur ou un artiste peut naître derrière le sujet, ce qu’il est devenu d’ailleurs, mais alors, selon moi, on sort du journalisme.
Hasard de l’agenda : le jour où je découvre ce souvenir de Raymond Depardon dans le Soir, je suis invité à tester trois véhicules 100% électrique de Renault dans les rues de Mouscron. Et qu’ai-je fait avec deux de mes collègues : je me suis mis en scène, photos et vidéo à l’appui, derrière le volant de ces véhicules qui sont bluffants par ailleurs. Je ne me suis pas tout à fait effacé derrière le sujet…