Politique: « Tous et toudis les mêmes »

Expérience intéressante et inédite pour moi il y a une quinzaine de jours : j’ai animé un débat politique entre les jeunes candidats des quatre partis en lice pour les élections communales à Mouscron. Je remercie d’ailleurs les deux organisateurs de la soirée, à savoir Chloé Deltour (Ecolo) et David Vacarri (MR), d’avoir pensé à moi (ainsi qu’à mon jeune confrère du Courrier, Thomas Turillon) pour modérer les échanges. C’est une marque de confiance qui m’a touché. Contrairement à ce que je pensais, ce ne fut pas trop difficile : mes huit interlocuteurs (deux de chaque parti) se sont montrés particulièrement courtois et respectueux. Sans doute l’avantage de leur jeunesse. Ils n’ont pas encore les « vices » des vieux briscards qui savent monter dans les tours et piquer leur adversaire quand il s’agit de détourner l’attention d’une question plus délicate. J’ai beaucoup d’admiration pour les jeunes qui se lancent dans la politique, car il faut bien l’avouer, ce n’est pas très tendance de nos jours. Il faut une sacrée dose de courage pour affronter les « yaka », dont hélas se prévalent beaucoup de nos concitoyens plus prompts à critiquer qu’à mouiller le maillot.

La grande difficulté de la soirée a été finalement d’inviter le public à participer, à poser des questions. Comme il s’agissait d’un débat où les jeunes s’adressaient aux jeunes, j’ai tout d’abord convié les moins de 30 ans à lever le bras. Timidité, indifférence?  Toujours est-il que ce sont les plus anciens qui se sont lancés, avec la question inévitable sur l’insécurité, un des thèmes principaux de la campagne sinon « le » thème à Mouscron, comme cela l’est aussi à Tournai par ailleurs. Cela a fait l’essentiel de la soirée avec, sans caricature, des réponses plus préventives de la part d’Écolo et du PS (éducateurs de rue, formation, etc) et plus répressives du côté du cdH et surtout du MR (plus de caméras et de policiers). L’emploi et l’aménagement du territoire furent ensuite les deux autres thèmes phares.

La convivialité de la soirée était accentuée par le fait que le débat se tenait dans un des principaux bistrots de la Grand-Place de Mouscron. Non pas dans une arrière-salle mais bien dans la pièce principale, devant les clients à la fois étonnés et intéressés. Coup de chapeau au patron du Grand Café qui ouvre son commerce au débat citoyen. Cela lui semble normal, nous a-t-il confié. Pas sûr que ce sentiment soit partagé par l’ensemble de ses confrères.

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Les participants au débat

Expérience intéressante et positive en espérant avoir pu, avec mon confrère, intéresser le public. Mais une petite anecdote pour terminer. Qui prouve que le chemin est encore long pour nos jeunes candidats. Au bout de la soirée, je me suis retrouvé derrière la porte des toilettes à attendre mon tour. Deux clients, plutôt jeunes, discutaient de la soirée.  « Qu’est-ce que tout cha va changer, hein », dit l’un en patois de Mouscron. « T’as raison. Tous et toudis (toujours) les mêmes de toute façon », répondit l’autre. Comme quoi, changer le monde, c’est un sacré boulot. Mais que nos jeunes candidats ne se découragent pas: on a besoin de leur idéal comme de pain.

Publié par

carnet de bord de Daniel Foucart

Journaliste à Nord Eclair belge (Tournai et Mouscron) depuis 1991, passionné par l'actualité vue par le petit bout de la lorgnette. Et à bord : quelques tranches de vie.