Coup de gueule à la Une ? Non, coup de cœur

Ce matin, j’avais envie de pousser un coup de gueule après avoir vu que Nord Éclair (Sudpresse) faisait encore l’objet de quelques critiques, voire insultes, sur les réseaux sociaux. Après une journée comme celle de vendredi, où il a fallu s’occuper de la rédaction d’une dizaine de pages, une vingtaine en comptant l’édition de Mouscron, préparer les journaux de dimanche et lundi, traiter deux faits divers importants, couvrir la présentation d’une nouvelle liste électorale, discuter du traitement rédactionnel de la ducasse d’Ath, prendre les coups de fil de lecteurs qui n’avaient pas reçu le journal dans leur boîte aux lettres et j’en passe très probablement, cela m’a fait l’effet de la goutte d’eau prête à enclencher un tsunami. Puis je l’ai ravalée, la colère étant toujours mauvaise conseillère. L’amertume, c’est aussi se mettre au même niveau que ses détracteurs.

Les faits divers, c’est la vie

Alors au coup de gueule, je préfère le coup de cœur.  Le coup de cœur envers mes collègues qui, tous les jours, – c’est du sept sur sept à Nord Éclair -, permettent ce miracle quotidien  qu’est la parution d’un journal épais d’une trentaine de pages – une quarantaine le samedi. Ces mêmes collègues qui, contrairement aux idées préconçues de nos détracteurs, traitent toujours les faits divers, même les plus délicats, avec le plus d’humanité possible en se posant les bonnes questions, comme Jean-Michel, ce samedi, après la découverte d’un crâne et d’ossements à Pecq ou Sarah après la mise au jour d’une bombe de la dernière guerre mondiale à Péruwelz.

Les faits divers, justement, pour lesquels on se fait le plus souvent vilipender. Tout d’abord, il n’y a pas que les faits divers dans le journal, même si, c’est vrai, ils sont davantage montés en épingle. Il y a l’actu politique et sociale, le relais de la vie associative, le portrait de sportifs connus et moins connus, le récit de gens qui percent économiquement ou, au contraire, qui ont sombré dans la misère sociale, etc. C’est même l’essentiel du journal. Mais manifestement l’essentiel est invisible aux yeux de nos détracteurs. Puis, les faits divers, c’est la vie, certes dans tout ce qu’elle a plus de dramatique avec son inévitable et inséparable compagnon en embuscade, la mort. C’est pourquoi ils sont tant lus, tant commentés, tant décriés. Ils touchent chacun d’entre nous dans ce qu’il a de plus intime mais aussi dans ce qui nous relie tous. Ils ont leur place dans l’actu, même en Une. J’ai chez moi une collection de vieux journaux, dont certains remontent au XIXème siècle, où déjà il y avait une rubrique faits divers. Le traitement des faits divers est sans doute l’école la plus délicate mais la plus formatrice pour les jeunes journalistes.

Je ne supporte plus les donneurs de leçons

Après plus de 25 ans de carrière, j’avoue ne plus supporter les donneurs de leçon, qui se sont multipliés, comme des mauvaises graines, depuis l’avènement du web, tous ces gens assis confortablement derrière leur PC, le plus souvent avec un pseudo, en train de distribuer leurs bons et mauvais points. Les bobos bien pensants, les extrémistes complotistes, les Flibustiers et autres pirates de l’info faussement parodique, etc. Qu’ils viennent pousser la porte d’une rédaction, qu’ils viennent se rendre compte combien les journalistes restent encore passionnés par leur métier en dépit de toutes ses difficultés, en dépit de longues journées qui réduisent leur vie de famille à une peau de chagrin, combien ils croient encore aux vertus de l’information traitée par des professionnels et non pas par des censeurs du web, anciens habitués du café du commerce.

Bien sûr tout n’est pas parfait. Loin de là. Le métier se cherche depuis le début de l’ère numérique qui n’est pas une évolution mais une révolution. Il a aussi ses moutons noirs, voire ses judas. Il se doit d’être exposé à la critique, mais une critique fondée, argumentée, pourquoi pas, constructive et non pas un jugement à l’emporte pièce. Les journalistes ont leurs petits travers, moi le premier. Ils sont loin d’être parfaits à l’image de la société qui les entoure. Ils sont aussi leurs premiers critiques. Ils sont les premiers à râler sur leur propre journal, sur le choix d’un titre ou d’une photo, sur la façon dont un collègue a abordé un sujet, sur la gazette qui n’est pas arrivée dans les boites aux lettres,  ou sur l’info mise tardivement en ligne, etc. Un journaliste qui ne râle pas n’est pas un journaliste. Et les premiers à me tomber dessus ou à se moquer de moi après ce billet d’humeur seront sans doute des confrères, voire des collègues.

Mais je continue à bien les aimer, les membres de cette corporation, tous uniques dans leur genre mais unis par une même passion, la plus difficile, la plus exposée, celle d’informer le plus honnêtement possible. Ils méritent bien un coup de cœur.

 

Publié par

carnet de bord de Daniel Foucart

Journaliste à Nord Eclair belge (Tournai et Mouscron) depuis 1991, passionné par l'actualité vue par le petit bout de la lorgnette. Et à bord : quelques tranches de vie.

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