J’ai décidé de publier les textes d’hommage que mon frère Bruno et moi avons lus lors des funérailles de papa à l’église de la Roë (Péruwelz) le samedi 26 décembre 2015. Laisser une trace écrite est une façon de le garder dans nos mémoires. Il est parti beaucoup trop tôt, à l’âge de 72 ans, lui qui croquait la vie à pleines dents et qui avait encore plein de projets en tête. Tu nous manques tellement, papa.
Papa
Papa, papa
Ce sont les trois seuls mots que j’ai pu écrire le soir où tu es parti alors que je voulais te rédiger une longue et belle lettre, rien que pour toi.
Papa
Papa, papa
Ce sont les trois seuls mots que j’ai pu te dire, écrasé par le chagrin, au pied de ton lit, quelques minutes après que tu te sois éteint dans les bras de maman. J’aurais tellement voulu que tu fasses semblant de dormir comme Bruno et moi le faisions, petits, pour que tu nous portes dans tes bras jusque dans nos chambres, après une fête familiale ou une soirée devant la télévision. Dans tes bras, on sentait ta force et ton courage. À la fin de ta vie, Bruno – « le tiôt », comme tu disais – et moi « el’grand » – nous t’aurions bien porté dans nos bras, à notre tour, pour que tu prennes de nos forces. Tu étais épuisé par la maladie, cette fichue maladie qui a emporté notre cousin Alain, il y a un mois à peine, et à qui nous pensons aussi très fort aujourd’hui.
Papa,
Papa, papa
Tu n’avais pas un caractère facile. J’ai parfois plaint mon frère qui était auprès de toi tous les jours à la boulangerie. Tu étais dur mais juste, tu étais exigeant mais reconnaissant, même si tu avais parfois du mal à exprimer ta gratitude. Je sais que tu étais fier de Bruno – « Dans le métier, il n’y en a pas deux comme ton frère », m’as-tu dit un jour. De là-haut, tu peux être plus fier encore: il est allé au-delà de son chagrin pour honorer toutes les commandes de Noël. Il l’a fait pour toi, comme il te l’expliquera.
Avec maman, tu étais parfois sévère. Tu ne la ménageais pas. Mais dès qu’elle s’absentait une demi-heure, tu étais perdu. « Elle est où, maman ? » « a du qu’elle est co d’aller » ? (où est-elle encore partie ?) disais-tu en patois. « Sans maman, je n’y serais jamais arrivé », répétais-tu.
Maman, tu l’admirais pour son courage. Maman, tu l’aimais profondément comme j’ai pu m’en rendre compte le jour où elle a été opérée de son cancer du sein. Tu t’étais effondré d’inquiétude et de chagrin alors qu’elle tardait à remonter de la salle d’opérations. Il a fallu attendre mes 50 ans pour t’entendre pleurer comme ça. « Vous prendrez bien soin de maman, vous prendrez bien soin de maman », nous as-tu demandé dans les derniers jours de ta maladie.
Ne t’inquiète pas, papa.
Papa,
Papa, papa,
Tu étais dur et exigeant au travail, mais tu étais aussi une amusette comme on dit à Péruwelz. Tu aimais boire un verre, partager une bonne table avec des amis : Charles, Heidemarie, Marcelle… Et danser. « Le danseur de ces dames », t’a baptisé une amie. Tu faisais danser tout le monde à une soirée. Tu n’étais jamais le dernier pour mettre l’ambiance. « Qu’est-ce qu’on s’est amusé avec Jules! » Combien de fois nous l’a-t-on pas rapporté depuis ton décès ? Tu étais apprécié, très apprécié comme j’ai encore pu m’en apercevoir mercredi. J’ai appris ton décès à un de tes fournisseurs en boulangerie que j’ai croisé par hasard à Tournai, alors qu’il avait un pied dans le plâtre. Il était sous le choc. Une heure plus tard, en dépit de son pied cassé, il était à Péruwelz au funérarium pour te rendre un dernier hommage. Cela veut tout dire.
Papa,
Papa, papa
Trois mots, six syllabes qui résonnent comme une douce musique. Ah, la musique ! La musique, que tu aimais tant. Tu as fait toutes les fanfares de Péruwelz, je crois. Et la philharmonie de Péronnes. Tu as joué du bugle. Et tu as pianoté des heures et des heures sur les claviers qu’on t’a offerts. Tu as aussi écouté des heures et des heures l’ouverture du Tannhäuser de Wagner que l’on entendra lors de l’offrande. Tu as donné le goût de la musique à Bruno mais aussi à ta petite fille Valentine que tu adorais écouter jouer du piano. Maxime et Thomas ont suivi, à la guitare. Bruno et Valentine te rendront hommage dans quelques minutes.
Tu avais le goût du beau, papa. Tu étais capable de t’émerveiller, de t’émouvoir, jusqu’aux larmes, en écoutant les oiseaux chanter ou en regardant, tout simplement, un beau paysage. Toi-même tu portais beau. Tu aimais bien t’habiller, porter les vêtements que t’offrait ta belle-fille Carmela, bien te coiffer. Toujours impeccable. « Mais quel bel homme », plaisantais-tu en passant devant un miroir. Ce n’est pas pour rien que ta petite-fille Ornella est devenue esthéticienne.
Papa ,
Papa, papa,
Te voilà au bout du chemin, de ton chemin, mais il continue à travers nous. Tu vis en nous. On a tous aimé la phrase de Victor Hugo, car elle résume nos sentiments : « tu n’es plus là où tu étais, mais tu es partout là où nous sommes ».
Je voulais encore te remercier, papa, car tu n’as pas toujours compris mes études ou mon métier, mais tu m’as laissé faire, tu m’as toujours fait confiance, et je sentais que tu étais fier de moi. Je ne l’oublierai jamais.
Enfin, papa, je voudrais te dire ce que je n’ai jamais osé te dire :
Papa,
Je t’aime, papa.
Daniel, « el grand »
Papa,
Aujourd’hui tu nous quittes pour un dernier voyage, je suis sûr que la première personne que tu voudras retrouver là-haut sera sans nul doute ton père parti trop vite pour toi.
Maintenant je comprends !
Que briller à ses yeux aurait été ta plus belle satisfaction.
J’ai eu la chance de partager toutes ces années de travail à vos côtés, toi et maman, et je peux vous dire que ce furent les plus belles années de ma vie professionnelle.
Bien sûr tout n’est pas toujours facile quand on travaille avec son père, mais je sais que toutes les exigences professionnelles que tu avais envers moi sont aujourd’hui plus que jamais indispensables. En témoigne cette semaine des plus compliquées que je viens de passer, comme une dernière épreuve, un ultime examen auquel j’ai essayé de répondre de mon mieux. Cette nuit fut la plus longue et la plus dure mais aussi la plus belle ,car j’ai senti ta présence et celle-ci m’a aidé à trouver la force pour y arriver. Merci Pa !
Je te remercie pour avoir inculqué, à mon frère et moi, le goût des choses simples et belles : la passion du vélo, et surtout de la musique que j’ai partagée avec toi. Je sais aussi que tu étais fier que tes petits enfants la pratiquent.
Mais je voudrai surtout mettre en avant l’homme bon, juste et honnête que tu étais.
Je t’ai toujours admiré et toute ma vie j’ai essayé de te ressembler. Les derniers jours de ta vie, j’ai vécu des moments intenses. Ce fut bon de te serrer dans mes bras, de prendre ta main pour te réconforter ; des choses anodines et pourtant si difficiles par leur côté pudique. Mon seul regret est de ne pas t’avoir dit à quel point je t’aimais.
Voilà Pa, nos routes se séparent aujourd’hui. Fais un bon voyage, crois-moi, tu n’auras pas besoin de ton GPS, car pour toi, le paradis, c’est tout droit !
Repose en paix, nous t’aimons tous,
Bruno, ton « tcho »
Je viens de lire combien vous aimiez votre Papa, courage
samedi j’étais en pensées avec vous dans ces moments difficiles
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Merci Paul pour tes pensées. Je te souhaite une belle année 2016 en compagnie des êtres qui te sont chers.
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