Pas facile de se choisir un avenir quand on a 17 ans…

Samedi, je me suis rendu au salon d’information sur les études et les professions (Siep) de Tournai avec ma fille. Valentine est en cinquième année. L’heure des choix approche. Nous sommes passés par le stand de la faculté de médecine de l’Université de Mons, par celui de l’Université Libre de Bruxelles pour les lettres et le droit et enfin par celui de l’Université de Louvain pour la philologie romane et les sciences politiques. Vaste palette. Mais Valentine a encore une bonne année pour choisir, même si je sens que la philologie romane et la médecine tiennent la corde pour l’instant. La littérature ou les sciences? Il va falloir choisir.

Ah, les débouchés, c’est un mot, pas très joli

Le passage par le salon m’a ramené trente ans en arrière. L’heure des choix ne fut pas facile. Petit je voulais être vétérinaire pour l’amour des animaux, qui ne m’a jamais véritablement quitté, mais à l’adolescence, l’idée s’est évanouie pour des raisons que je ne saurais avancer. Le journalisme m’est venu assez rapidement. C’est pourquoi j’avais demandé de passer de l’option latin-sciences à latin-langues, les langues s’avérant plus utiles, à mes yeux, pour un futur reporter. Mais j’ai mis l’idée entre parenthèses de la faute d’un journaliste, dont je tairai le nom, qui ne s’était pas montré très encourageant pour l’avenir de la profession (avait-il tort?) et de la faute d’un professeur qui insistait, de façon alarmiste, sur l’absence de débouchés. Ah, les débouchés, c’est un mot, pas très joli, que j’ai encore entendu beaucoup dans les allées du salon de Tournai.  J’ai alors pensé à tous les métiers : pilote de ligne, météorologue, géographe parce que j’aimais voyager ou encore historien, archéologue parce que j’aimais l’histoire, etc. La biologie m’intéressait aussi.valsiep.jpg

Et j’ai fini par choisir…. ingénieur commercial. J’ignore encore ce qu’il m’était passé par la tête pour choisir cette voie. Le mot « débouchés », je crois, sur lequel insistait tant le professeur qui m’a découragé pour le journalisme. Les débouchés qui m’ont bouché l’esprit, car un mois après mon inscription à la faculté des sciences économiques de Mons, je me suis bien vite rendu compte que j’étais fait pour tout, excepté pour le commerce. Ce fut une période extrêmement pénible. Le sentiment oppressant d’être dans une impasse, alors qu’on est à un âge où on n’arrête pas de vous répéter que vous avez toute la vie devant vous…

Je bénirai toujours mes cinq mois de stage Erasmus

Mes parents ne m’ont heureusement pas mis (trop) de pression. Je me souviens avoir épluché, dans tous les sens, avec frénésie, tous les programmes des cursus universitaires. Cela a fait tilt à psycho, car les études conciliaient deux domaines que je ne parvenais pas à départager : les sciences (la biologie, les neurosciences, etc) et les lettres (la philosophie, la sociologie, etc). Mes études de psycho furent passionnantes, car le comportement et le psychisme humain recèlent tant de richesses et de mystères. J’ai même retrouvé mes premières amours animales, puisque j’ai consacré ma thèse de fin d’études à l’éthologie.  Je bénirai toujours mes cinq mois de stage Erasmus à la faculté de psycho-pédagogie d’Aix-en-Provence, où j’ai rencontré des personnes formidables qui ont fait autant, si pas plus, pour ma formation personnelle, que cinq années d’études. Mais au bout de mon année de stage, je me suis rendu compte que je n’étais pas (encore) prêt pour me pencher sur les tourments de l’âme humaine.

C’est une conversation, presque anodine, avec une amie qui m’a fait revenir à la communication. Lorsque je lui ai dit que j’avais pensé, plus jeune, au journalisme, elle s’est tournée vers moi comme si elle avait eu une révélation : « mais cela t’irait très bien ». J’ai suivi, au département de « comu », quelques heures de cours qui ont achevé de me convaincre. C’était fait pour moi. Je signais pour deux années supplémentaires de cours en « comu ». La suite s’est enchaînée rapidement. Etudes, stages, boulot. J’ai repensé à mon professeur de secondaire en signant mon contrat à Nord-Eclair. J’avais fait sauter le bouchon. J’avais débouché…

Conseiller sans être trop directif, documenter sans assaillir d’informations, encourager sans trop être envahissant

Aujourd’hui je me mets dans la peau de ma fille avec l’espoir qu’elle ne mettra pas autant de temps que moi pour trouver sa voie, même si je ne regrette nullement les détours empruntés, même pas le mois comme « ingénieur commercial », où j’ai côtoyé un monde que je ne connaissais pas. En sortant du salon, Valentine a aussi emporté de la documentation sur une année éventuelle à l’étranger. Cela peut être très bien pour s’accorder un délai de réflexion supplémentaire sans perdre son temps.

Que faire en tant que parent? Conseiller sans être trop directif, documenter sans assaillir d’informations, encourager sans trop être envahissant, donner confiance sans être trop protecteur, mettre en garde sans faire peur. Pas simple non plus, l’heure des choix pour les parents. Ce n’est pas la même inquiétude que lorsqu’on a 16 ou 17 ans, mais cela reste une inquiétude quand même.

 

 

Publié par

carnet de bord de Daniel Foucart

Journaliste à Nord Eclair belge (Tournai et Mouscron) depuis 1991, passionné par l'actualité vue par le petit bout de la lorgnette. Et à bord : quelques tranches de vie.

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