« Si tu ne travailles pas bien »…

Plus de vingt ans que j’exerce ce métier. Et vingt ans que j’entends le même discours : il faut valoriser les métiers manuels. Les métiers en col bleu, comme on me disait lors de mon premier reportage sur le sujet. La ministre de l’Enseignement Marie-Dominique Simonet vient de lancer un plan de revalorisation de l’enseignement professionnel devenu hélas un fourre-tout. Sans doute vaut-il mieux tard que jamais, mais il est temps, grand temps. Cela me fait toujours de la peine lorsque j’entends des patrons du secteur de la construction et de l’horeca me confier leurs difficultés à trouver un ouvrier ou un employé qualifié, capable de se lever à l’heure, de respecter les horaires, d’être poli avec son employeur, d’être propre sur soi… alors que le taux de chômage flirte avec les 15% en Wallonie picarde.

Mais il y a de l’espoir quand je constate comment travaillent certaines écoles, comme l’institut le Tremplin à Mouscron, à qui Nord Eclair consacre une page complète dans son édition de vendredi. Le directeur Vincent Dumont ne stigmatise pas les jeunes. Il les plaint plutôt : « Cela ne doit pas être facile d’avoir 14 ans en 2012… Les ados sont bombardés de messages qui ne sont pas forcément ceux de l’école: on leur parle de loisirs, on leur montre des gens qui tapent dans un ballon et gagnent en 6 mois ce que la plupart des gens ne gagnent pas en une vie, alors que l’école leur dit: « sois présent, concentré, travaille… » Mais surtout, il les encourage avec toute son équipe éducative. « Un motivation, cela se construit », répète le directeur. Dans une autre école, le collège Saint-Henri, les enseignants y travaillent en binôme, par exemple: un ancien et un plus jeune, ce qui permet un meilleur suivi des élèves. Cela bouge, cela évolue.

Dans vingt ans, j’espère ne plus jamais entendre « si tu ne travailles pas bien, tu finiras en professionnel »…

Publié par

carnet de bord de Daniel Foucart

Journaliste à Nord Eclair belge (Tournai et Mouscron) depuis 1991, passionné par l'actualité vue par le petit bout de la lorgnette. Et à bord : quelques tranches de vie.