Eric le rouge

Lorsque j’ai appris aujourd’hui qu’Eric Gerets allait peut-être diriger l’équipe nationale de football, j’ai retrouvé l’enthousiasme du grand gamin que j’étais lorsque j’encourageais le Standard de la belle époque. Eric le Rouge. Le lion de Rekkem. Je m’entends encore le mettre en garde depuis les premiers gradins situés le long de la ligne de touche, à droite bien sûr, parce que j’estimais qu’il n’était pas assez près de son adversaire lors de la demi-finale retour de la Coupe des Coupes contre Tbilissi. Comme si lui, le battant, le capitaine au cœur vaillant, avait besoin des conseils des supporters. Une légende. Une idole. Je n’étais pas fanatique au point de me laisser pousser la barbe, mais j’ai demandé de jouer arrière-droit, comme lui bien sûr, lorsque j’ai joué quelques années dans un modeste club de quatrième provinciale en Hainaut. Je me sentais l’âme d’un conquérant lorsque j’évoluais le long de la ligne de touche, même si mes chevauchées se soldaient le plus souvent par un centre raté.

Mon admiration n’a presque pas été entamée lorsqu’il a été suspendu pour avoir truqué un match contre Waterschei. Je préférais retenir de lui son obstination à vouloir remonter sur le terrain alors qu’il venait d’être  victime d’une commotion cérébrale lors du match contre la Hongrie lors de la Coupe du Monde en 1982 en Espagne. Un monument. Après avoir brillé sur le terrain et excellé comme entraîneur, Eric Gerets s’est pourtant laissé tenter par tout ce que j’exècre actuellement dans le football : l’argent-roi,  en Arabie Saoudite tout d’abord, puis au Maroc, deux pays qui ont plus besoin de démocratie que d’un entraîneur de foot payé rubis sur ongle.  Mais je n’arrive pas tout à fait en lui en vouloir alors qu’il a trahi l’idéal sportif que je projettais en lui.

De la jubilation, je vous disais, lorsque j’ai entendu son nom pour succéder au « traître » Georges Leekens. De l’idolâtrie, sans doute. De l’idiolâtrie, peut-être. Mais qu’est-ce que cela fait du bien de retrouver, de temps à autre, une âme de gamin…

Publié par

carnet de bord de Daniel Foucart

Journaliste à Nord Eclair belge (Tournai et Mouscron) depuis 1991, passionné par l'actualité vue par le petit bout de la lorgnette. Et à bord : quelques tranches de vie.