Borgen, de la bonne politique fiction

Depuis quelques semaines, j’accroche à une série télévisée danoise qui est diffusée sur Arte tous les jeudis soir. C’est un collègue qui me l’a conseillée. « Borgen » raconte les péripéties d’une femme politique, une centriste, qui est devenue première ministre du Danemark.

C’est une fiction, avec les raccourcis qu’impose l’exercice du genre, mais les épisodes reposent sur une base crédible. Les auteurs sont aussi des bons observateurs de la vie politique, car je retrouve tous les ingrédients qui la composent: idéalisme, goût et fascination du pouvoir, argent, rôle prépondérant des médias, intrigues et surtout trahison. Ce n’est pas pour rien que plusieurs épisodes sont précédées d’une citation de Machiavel. La série rend bien d’une vérité récurrente : les principales difficultés viennent toujours de son propre camp. A cet égard, l’épisode consacrée au déchirement du parti travailliste était révélatrice.  Le débat entre anciens, plus proches des syndicats, de l’ancienne gauche, et modernistes, plus proches de la réalpolitik de la sociale-démocratie, pourrait être transposé à tous les partis socialistes européens. Les mano a mano entre personnalités d’un même camp ne sont pas sans rappeler les duels fratricides de chez nous, entre une Christiane Vienne et une Annick Saudoyer au PS de Mouscron, par exemple, entre un Rudy Demotte et un Paul-Olivier Delannois au PS de Tournai ou, encore, au niveau fédéral, entre un Charles Michel et un Didier Reynders pour le MR.

Mais attention, Borgen n’est pas Dallas. Certes il s’attarde sur les conflits entre personnes, mais il met aussi en évidence l’idéal qui les pousse à sacrifier leur vie de famille et leurs amis. La série danoise démontre bien que la politique est avant tout une affaire d’hommes et de femmes. Avec leurs forces et leurs faiblesses. Qui s’étrippent, mais qui mettent aussi toutes leurs tripes dans un idéal. On est loin de la caricature que la plupart des films font de la politique, où tout ne serait que corruption. Borgen réconciliera sans doute les plus sceptiques avec la politique ou incitera peut-être quelques-uns à s’y lancer. Car à l’heure du populisme à tout crin, des « yaka » et des « yakapa », on n’a plus que jamais besoin d’hommes et de femmes qui osent prendre leurs responsabilités, au nom de leurs idées.

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carnet de bord de Daniel Foucart

Journaliste à Nord Eclair belge (Tournai et Mouscron) depuis 1991, passionné par l'actualité vue par le petit bout de la lorgnette. Et à bord : quelques tranches de vie.