Lors de la fête d’anniversaire d’une amie de mes parents, j’ai revu le papa d’un garçon que j’avais entraîné au foot dans la catégorie des pré-minimes. Cela ne m’a pas rajeuni, car c’était il y a 30 ans. J’avais 17 ans à l’époque et le gamin ne devait pas avoir plus de 7 ou 8 ans. Cela m’a fait plaisir car le père se souvenait très bien de moi lorsque je venais de chercher son fils sur le pas de sa porte avant de l’emmener au terrain du FC Roucourt, aujourd’hui disparu faute de moyens financiers. Il n’y a jamais eu de problèmes avec Jérôme, une tête dure certes, plutôt doué, mais très bien éduqué et toujours poli. Il en était de même avec la plupart des enfants que j’entraînais à l’époque.
C’est plutôt avec certains parents que j’ai eu quelques soucis. Je me souviens d’une maman qui s’était fâché contre moi parce que j’avais installé une tournante entre les pré-minimes les jours de match. Selon moi, les enfants étaient surtout là pour apprendre et avaient donc le droit de recevoir leur chance, quel que soit leur niveau, excellent ou mauvais. La maman estimait par contre que son fils devait jouer tous les matchs parce qu’il était très bon. Et surtout ne devait pas laisser sa place à un autre gamin qui l’était nettement moins que lui. Je me souviens à avoir eu droit à quelques noms d’oiseaux pour avoir maintenu ma philosophie. Comme quoi, la bêtise le long des terrains de football n’est pas un phénomène nouveau. Heureusement d’autres parents m’ont donné raison et m’ont défendu.
J’avais aussi instauré un petit rituel à la fin de chaque match, quel que soit le score (car on s’est pris de solides casquettes) : j’invitais mes joueurs à faire une haie d’honneur à leurs adversaires et à les applaudir avant leur retour aux vestiaires. Cela m’avait valu d’être taxé de « jeune naïf » par un autre parent, mais j’avais tenu bon, car j’estimais que le fair-play était inhérent à l’apprentissage du foot. Le papa de Jérôme m’a confié que c’est un souvenir dont son fils lui parlait encore. J’ai retrouvé tout à coup l’enthousiasme de mes 17 ans.
Et toute leur naïveté.