Jeune journaliste, j’avais été effrayé par « l’Internationale » ponctuée par les militants socialistes et syndicaux à l’issue du premier 1er mai que j’avais couvert pour le compte du journal. C’était à Ath, dans le pays de Guy Spitaels. Les poings levés, les voix vitupérant, les visages cramoisis. Dans un monde que j’estimais moderne, j’avais trouvé cela archaïque, désuet, complètement dépassé, sans sous-estimer le fond des discours prononcés juste avant. Aujourd’hui, ma vision ou plutôt mon écoute a évolué : je comprends mieux cette démonstration de colère et cette expression de solidarité à l’aune d’un monde qui n’est pas finalement si moderne, du moins sur le plan humain. Un couplet peut même se rattacher à la dernière crise financière :
« Dans les coffres-forts de la bande
Ce qu’il a créé s’est fondu
En décrétant qu’on le lui rende
Le peuple ne veut que son dû ».
Les avancées sociales ou tout simplement la préservation des acquis sociaux passent aussi, hélas, par des rapports de force. Certes, je ne suis pas près de frissonner à ces paroles, mais je peux en entendre le sens. Ceux qui les chantent en comprennent-ils toute la signification, en respectent-ils l’essence? Cela, c’est un autre débat.